Philippe DELMAS,Infirmier, PhD, Docteur en Sciences Infirmières de l'Université de Montréal, MBA de l'Université Paris Dauphine, Professeur Chercheur ordinaire à l'Institut et Haute Ecole de la Santé La Source (HES-SO), Responsable du laboratoire de recherche et d'enseignement "Qualité des Soins et Sécurité des Patients", Suisse
La recherche en soins : autonome ou sous-tutelle ?
En France, la profession infirmière entre de nouveau dans une zone de turbulence. En effet, la mise en place des IPA, selon un habile calcul des pouvoirs publics, et surtout sans opposition réfléchie des infirmières ne peut qu'entrainer désillusions voire contribuer à une perte de la notion même de profession. Ce sabotage du développement d’une pensée autonome infirmière ne date pas des premiers pas de la mise en place des IPA mais remonte à la réforme LMD. Par ailleurs, une formation IPA sous le contrôle exclusif de la faculté de médecine est vouée à renforcer une vision organiciste de la profession et à restreindre son développement disciplinaire axé principalement sur les sciences humaines.
De même, les méthodes d’investigations de la recherche infirmière en France sont emprunts d’une vision positiviste alors que les sciences infirmières se développent dans d’autres paradigmes souvent plus complexes comme le constructivisme. Je m’appuierais sur la description d’une de mes recherches sur la relation infirmière-patient ou sont utilisés les méthodes mixtes quanti et quali.
Aujourd’hui, la profession infirmière française ne répond plus à son mandat social mais à ceux d’autres professions et en premier celle des médecins. Cette présentation a donc pour objectif de décrire à nouveau les enjeux d’une profession, de la recherche sur des objets qui lui sont propres et de pointer les dérives possibles d’une profession sous tutelle. La qualité des soins et la sécurité des patients dépendent de la contribution individuelle et singulière de chaque profession.
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